Toute la symbolique du sommet de Sotchi...(Scarlett HADDAD)

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Plongés dans la crise interne provoquée par la démission du Premier ministre Hariri depuis Riyad le 4 novembre et les développements surprenants qui l'ont suivie, les Libanais ont accordé peu d'attention à un événement stratégique qui s'est déroulé à Sotchi en Russie. Le sommet tripartite qui a réuni les présidents russe, iranien et turc (Vladimir Poutine, Hassan Rohani et Recept Tayyip Erdogan) dans la ville balnéaire russe marque, selon les analystes, la fin de la guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011. Ce qui semble confirmer cette thèse, c'est le sommet qui a précédé, toujours à Sotchi, entre Vladimir Poutine et le président syrien Bachar el-Assad et le coup de téléphone qui l'a suivi entre le président russe et son homologue américain Donald Trump. Les différents protagonistes ont ainsi été informés de la teneur des débats et surtout des décisions prises.
Indépendamment du contenu de ces décisions qui n'a pas encore été divulgué, l'image en elle-même est significative. C'est désormais le président russe qui a le rôle principal en Syrie, et qui se partage l'influence dans ce pays avec les Iraniens et les Turcs. Il informe ensuite les Américains des accords conclus, après avoir au préalable obtenu l'aval des autorités syriennes. L'enchaînement des événements a aussi sa signification, mais l'élément le plus grave est l'absence totale des pays arabes des discussions sur la fin de la guerre en Syrie.
L'Arabie saoudite, qui a pendant des années essayé d'influer sur le cours des événements dans ce pays, est exclue des discussions finales et n'a plus là-bas que deux petites cartes, pratiquement inutiles et en tout cas ayant peu de poids. La première est celle de l'opposition syrienne dite de Riyad qui continue de poser comme condition préalable à toute discussion le départ du président syrien, condition désormais rejetée par la plupart des protagonistes, en particulier par le président turc qui a été hier jusqu'à déclarer que « des discussions avec le président Bachar el-Assad ne sont pas à exclure au sujet du dossier kurde ». La seconde carte est celle des groupes armés dans la région de la Ghouta orientale autour de Damas, notamment l'Armée de l'islam. Mais dans ce secteur, la tendance est désormais à l'accalmie, des accords ayant été conclus entre l'armée syrienne et certains groupes armés. Quant à ceux qui veulent poursuivre le combat, ils devront subir l'ultime assaut des troupes du régime car il n'est pas envisageable de laisser cet abcès si proche de la capitale.Autre grand absent des négociations, Israël, qui a essayé par tous les moyens de s'imposer comme un acteur décisif sur la scène syrienne, en intervenant directement ou non sur plusieurs fronts. En vain. La dernière bataille que les Israéliens ont favorisée dans la ville de Hadar au sud de la Syrie s'est terminée par un échec total, les forces du régime et leurs alliés ayant réussi à reprendre l'initiative et à vaincre les assaillants dont les Israéliens avaient facilité les déplacements. Les Israéliens ont bien tenté de réclamer une zone tampon, dans le genre de celle qu'ils avaient instaurée au Liban-Sud et qui était appelée la bande frontalière, sur une profondeur de 40 km. Aujourd'hui, c'est à peine s'il est question d'une bande territoriale de 10 km et les discussions ne sont pas encore terminées sur ce sujet.
En somme, les véritables décideurs se sont réunis à Sotchi et ils ont dessiné les grandes lignes de l'étape future pour la Syrie et même au-delà. Avec ce sommet, il est clair que le projet de partition qui menaçait l'Irak, la Syrie et même le Liban a été totalement écarté, au moins pour la prochaine décennie. Les pays concernés vont conserver leur unité territoriale et leur cohésion interne. Même le projet d'un État kurde indépendant a été rapidement balayé, après notamment la visite spectaculaire du général iranien Kassem Soulaymani dans cette région. Selon des informations sérieuses, ce dernier aurait déclaré aux responsables kurdes, après le référendum sur l'indépendance : « Jusqu'à présent, c'est nous qui empêchions la Turquie d'envahir le Kurdistan. Mais si vous maintenez votre projet, non seulement nous ne les empêcherons plus, mais nous participerons à leurs côtés, et tout ce que vous avez bâti et dont vous êtes fiers sera remis en question. » En même temps, les forces de mobilisation populaire irakiennes lançaient un assaut pour reprendre le contrôle de Kirkouk.
Le message était donc clair, et il a été entendu. Les effets du référendum ont été ainsi suspendus et l'unité irakienne a été préservée, donnant un indicateur sérieux pour celle de la Syrie. De même, avec la libération de Boukamal et ses environs, le lien géographique stratégique entre Téhéran, Bagdad, Damas et le Liban a été réalisé, voire même consolidé. Un grand projet pour l'ensemble de la région a donc été mis en échec, et quoi qu'en pensent les analystes proches du noyau dur du 14 Mars, il y a donc un camp vainqueur et un autre vaincu en Syrie. Les détails du compromis politique qui suivra les données sur le terrain restent encore à préciser. Il est question d'élections anticipées, auxquelles le président Assad a le droit de participer, et d'une nouvelle Constitution qui prévoit le rajout de trois vice-présidents pour un partage plus ou moins équitable des pouvoirs.
Dans ce contexte, le Hezbollah fait donc partie du camp des vainqueurs, les positions russe et iranienne le montrent suffisamment. Même si elles sont souvent mal interprétées, elles n'en demeurent pas moins un indice sur le rôle du Hezbollah dans les développements régionaux. Toutefois, avec une grande sagesse, le Hezbollah montre qu'il a la victoire modeste au Liban. Par la voix de son chef, il a déjà annoncé qu'il n'a rien à voir avec ce qui se passe au Yémen et à Bahreïn. Il a aussi précisé qu'il s'apprête à retirer ses conseillers militaires d'Irak, et en Syrie, la guerre est en train de se terminer. Cela suffira-t-il à rassurer le Premier ministre ?

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